Amadou Gon Coulibaly: Comment GON a échappé à la mort du cacao sous Gbagbo
Une belle histoire. Celle entre le président de la république Alassane Ouattara et son fiston Amadou Gon Coulibaly. Le premier prive souvent le second de bonnes choses. Quand Guéi prend le pouvoir, Amadou Gon le prisonnier de Bédié en 1999 n’est pas paradoxalement nommé ministre. C’est le premier choc. Quand ADO accède au pouvoir, Gon n’est pas ministre et est confiné à la présidence. Deuxième choc. Mais pourquoi Ado privait-il du sucre à celui qu’il a beaucoup fait confiance quand il a été nommé Premier Ministre sous Boigny ? Pourquoi l’a-t-il souvent privé de bonnes choses alors que le prisonnier de Bédié a plusieurs fois donné sa poitrine pour le noble combat d’Alassane Ouattara ? Depuis 2017, Alassane Ouattara surprend tout le monde et le bombarde Premier Ministre. Certainement, il a fini de former son fiston, le petit fils de Péléforo Gon Coulibaly l’homme qui avait signé un pacte avec Félix Houphouët-Boigny, père d’Alassane Ouattara. Que va décider ADO compte tenu de la longue marche de Gon Coulibaly par rapport au 31 octobre ?
La longue marche du jeune Amadou Gon Coulibaly (âgé de 32 ans) auprès d’Alassane Ouattara
Dans les années 1980, étudiant à l’École des travaux publics de Yamoussoukro d’où il est sorti, en 1982, un diplôme d’ingénieur en poche, il aimait beaucoup observer ce document administratif qui lui ouvre les portes de la vie active avec ses plus proches amis. Il est petit-fils de Péléforo Gon Coulibaly, patriarche de Korhogo et chef suprême des Sénoufos. Le grand père de l’actuel premier ministre a conclu un pacte sacré et historique dès la fin des années 1940 avec le président Félix Houphouët-Boigny, rapportent nos informateurs. Son père est PDCI de 1960 à sa mort. L’ingénieur rompt le signe indien. Il aime suivre Alassane Ouattara. Il se libère donc de la tradition politique de sa famille biologique et s’affiche comme un irréductible du RDR. Par fidélité à Alassane Ouattara, chef du gouvernement du régime du vieux sage de Daoukro. Le jeune Gon Coulibaly travaille, comme conseiller technique chargé du suivi des programmes d’ajustement sectoriel, des entreprises publiques ainsi que des grands projets d’investissements, à commencer par le gisement de gaz offshore Foxtrot au côté d’ADO. Il est ingénieur. D’ailleurs selon nos investigations, à sa toute première rencontre avec Alassane Ouattara, il lui dira : ‘’ Je suis ingénieur’’. Et d’ADO de l’apprécier à cette époque : ‘’ Tu es intelligent, on va marcher ensemble et faire beaucoup de choses ensemble’’. C’est le début du grand apprentissage. L’ingénieur des travaux publics travaille à la Direction et contrôle des grands travaux (DCGTx) devenu Bureau national d’études techniques et de développement (BNEDT). Il y occupe une importante place de directeur en 1993 sous l’œil vigilant du docteur Alassane Ouattara.
Carrière politique de Gon Coulibaly
L’actuel premier ministre du président Ouattara a 32 ans à cette époque. A la mort du président Boigny, est créé le RDR. En 1994. Commence la carrière politique de celui qu’on appelle le Lion. La politique africaine n’échappe jamais à sa logique : la souffrance. C’est le premier feu de baptême. Il dit non au dictateur Henri Konan Bédié qui bétonne toute une constitution dans une volonté d’écarter Alassane Ouattara de l’élection présidentielle de 1995. Gon Coulibaly, Laurent Gbagbo, Henriette Dagri Diabaté, Boga Doudou, Djéni Kobena à la tête, c’est le parfait amour entre le FPI et le RDR pour les nostalgiques du front républicain. Que Dieu nous garde ! Nous étions étudiants avec Guillaume Soro. Gon et les opposants descendent dans la rue pour boycotter la mascarade de M. Henri Konan Bédié, ce dauphin constitutionnel à la méchanceté inouïe. Après une élection calamiteuse et honteuse, Bédié se proclame pour la seconde fois président, après la honte de 1993 (soyez à ma disposition). Mais Amadou Gon ne démord pas dans sa lutte contre Bédié. Il décide de l’humilier au nord à l’élection législative. Gon doit affronter son oncle, le puissant Kassoum Coulibaly, le grand transporeur, soutenu par l’homme de Daoukro. Bédié déverse des centaines de millions FCFA dans à Korhogo pour gagner le siège de député. Le jeune Amadou Gon Coulibaly et son grand-grand frère utilisent la stratégie du corps à corps pour convaincre la population sur l’utilité de la lutte et surtout de ce poste de député. Sans carburant pour les déplacements. Ouattara et son jeune frère Gon humilient Bédié et gagnent cet important siège dans le Nord du pays. En 1999, Amadou Gon, Henriette Dagri Diabaté et plusieurs autres militants sont arrêtés et jetés en prison par Bédié. Mais avec le coup d’état de décembre 1999, le Lion et ses amis sont libérés.
Alassane Ouattara met à l’écart Amadou Gon Coulibaly dans le premier gouvernement de Guéï et après la prise du pouvoir du RDR
Le RDR et le FPI, principaux partis de l’opposition ivoirienne entrent dans le gouvernement de Guéï Robert. Sans Boga Doudou pour le FPI et sans Amadou Gon Coulibaly pour le RDR. C’est stratégique certainement. Gon est un pion sûr pour Alassane Ouattara et Boga Doudou l’homme de main de Laurent Gbagbo. C’est bien un match de football. Chacun conserve son numéro 10 parce que la lutte est longue. Alassane Ouattara grand visionnaire, met en réserve Amadou Gon Coulibaly à cette époque. Un poste ministériel prendrait assez de temps à Amadou Gon Coulibaly au détriment de la lutte. Gon doit toujours apprendre auprès de l’Américain Alassane Ouattara car personne ne connaît l’avenir. Déjà à cette époque, Alassane pense que Gon doit beaucoup apprendre parce qu’il est la pièce de rechange. Ado prévoit cela parce qu’il a beaucoup d’ennemis dans la classe politique et on peut à tout moment l’assassiner. ‘’ S’il tombe, Gon est là’’, voici pourquoi ADO à cette époque n’est pas impressionné que Gon occupe un poste ministériel pendant la transition militaire en Côte d’Ivoire. Il doit plutôt apprendre à ses côtés. Après la prise de pouvoir du président Alassane Ouattara, le Chef de l’Etat appelle Gon à la présidence. Gon doit toujours travailler auprès du président pour lui donner les rudiments de la gouvernance. Des partisans de Gon qui ne savent pas lire la politique de l’ex-directeur général du FMI murmurent. ‘’ Pourquoi ADO ne fait-il pas de Gon ministre de l’économie, ou ministre du Plan et du Développement ou ministre des ponts et chaussées et le confine à la présidence ? ’’. En réalité, l’homme Gon continuait toujours sa formation politique auprès du président Alassane Ouattara jusqu’à 2017 où il est nommé chef du gouvernement. Avec ce parcours et cet apprentissage de longues dates auprès du président Alassane, le parti RHDP peut-il encore avoir des difficultés quant au choix d’un candidat à la prochaine élection présidentielle ? La question reste posée. Mais toujours est-il que monsieur Gon Coulibaly était l’homme à abattre sous Laurent Gbagbo.
Gon échappe à une mort planifié par les refondateurs
Quand le match chauffe après le coup d’état manqué de 2002, Amadou Gon entre en jeu avec la bénédiction de son compagnon et grand frère de lutte Alassane Ouattara. Il est nommé ministre de l’agriculture. C’est à ce poste que plusieurs complots d’assassinats se font contre Amadou Gon Coulibaly, parce qu’il occupe un poste stratégique, le Ministère de l’Agriculture, un département juteux. La Côte d’Ivoire premier pays producteur de cacao. il faut faire la peau au ministre de l’Agriculture parce que Gon à cette époque, murmure contre les sacs d’argent qui sortent nuitamment de la BCC ( Bourse du café-cacao) de Tapé Do, FDPCC (Fonds de développement pour la promotion des producteurs de café-cacao) la véritable caisse noire de Laurent Gbagbo dirigé par Henri Kassi Amouzou, le FRC (Fonds de régulation de la filière café-cacao) dirigé par Angéline Kili l’épouse de Pascal Affi Nguessan et Kouakou Firmin un irréductible de Laurent Gbagbo. Angéline Kili et feu Kouakou Firmin sont les principaux bailleurs de Charles Blé Goudé. Amadou Gon Coulibaly ministre de l’Agriculture est contre toutes les mascarades qui se font dans toutes ces structures. Sa signature est honteusement contournée. Et les dépenses budgétivores rendent puissants un certain Blé Goudé et sa galaxie patriotique sur le terrain. Il faut donc éliminer le ministre de l’agriculture car il y a fuite d’informations dans le secteur. L’Union Européenne, la banque mondiale et le FMI sont saisies de la scabreuse gestion de la filière café-cacao. Pour Laurent Gbagbo il y a fuite d’information parce que Gon Coulibaly est ministre de l’agriculture. Il faut planifier son élimination. Malheureusement, la mission n’est pas facile. La Côte d’Ivoire est en crise et divisée en deux. Un assassinat du ministre brûlerait le pays déjà fragile. Kieffer soupçonné de livrer des secrets au ministre de l’agriculture Gon Coulibaly et aux bailleurs de fonds, disparaît mystérieusement à Abidjan. Depuis 2004, nous n’avons plus jamais revu ce journaliste français qui faisait des investigations sur la filière café-cacao qui a subi des détournements massifs sous Laurent Gbagbo. De passage, nous rendons hommage à notre aîné feu Benjamin Dadié qui nous confiait ceci : ‘’ Ils ne veulent pas que Ouattara accède au pouvoir parce que ce monsieur Alassane Ouattara une fois au pouvoir va faire disparaître par son travail le FPI et le PDCI’’.
Romaric SAKO
