Après l’arrêt de la CPI du jeudi 28 mai 2020 : Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, l’impossible réconciliation
Alors que les bruits d’un rapprochement au sein d’une ‘’plate-forme non idéologique’’, entre les ex-présidents Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié courent, l’état-major du PDCI- RDA rêve de reconquérir le pouvoir d’Etat. Un espoir qui pourrait ne pas se concrétiser dans les urnes lors de la présidentielle du 31 octobre 2020, tant la méfiance entre ces deux ennemis intimes de la scène politique ivoirienne constitue des obstacles sur le chemin d’une vraie alliance entre l’ex-parti unique (PDCI-RDA) et le FPI de Laurent Gbagbo. D’autant que l’un ne cache plus son ambition de jouer les premiers rôles. Au détriment de l’autre.
L’éventualité d’une alliance entre le PDCI-RDA d’Henri Konan Bédié et le FPI de Laurent Gbagbo, dans la perspective de la présidentielle du 31 octobre 2020, agite à nouveau la classe politique ivoirienne et suscite un grand espoir au sein de l’état-major de l’ex-parti unique (1960-1999). Et pourtant, à 4 mois seulement de la présidentielle du 31 octobre 2020, ce rapprochement tarde à prendre forme par des actions d’envergure. Un jeu de poker menteur se profile au fil des jours entre l’héritier du président Houphouët-Boigny (Bédié), et son opposant historique (Gbagbo).
Bédié, l’homme du 2ème tour de la présidentielle de 2010
Pour la majorité des militants du FPI, parti d’obédience socialiste, le PDCI-RDA ne saurait être un allié objectif, encore moins stratégique. Les inimitiés sont encore grandes et la volonté de récoller les morceaux cassés de la présidentielle de 2010 n’est pas encore palpable. Pour beaucoup de ‘‘Gor (Gbagbo ou rien)’’, c’est bien Henri Konan Bédié et le PDCI-RDA qui ont empêché leur champion, Laurent Gbagbo, de remporter la décisive présidentielle de 2010.Un ressentiment qui met du temps à être digéré d’autant que le Sphinx de Daoukro, après avoir fait ami-ami avec Alassane Ouattara au temps du RHDP triomphant, veut se poser en principal pourfendeur au fur à mesure que la présidentielle de 2020 approche. En, Bédié aura fort à faire avant de se faire pardonner par les militants du FPI. Et ce n’est pas la mise en place d’une plate-forme non idéologique qui pourra sceller définitivement la réconciliation entre les deux hommes.
L’équation Affi N’Guessan
Il ne fait aucun doute qu’Affi N’ Guessan est le président légitime et légal du FPI. Ouvertement opposé à une quelconque alliance entre le FPI et le PDCI-RDA, Affi N’Guessan devient une partie de l’équation à résoudre pour les deux leaders de l’opposition ivoirienne. Il a la réalité du terrain et beaucoup de cadres, non des moindres du FPI se reconnaissent en lui. Il semble inflexible. Ce qui réduit un peu plus les chances de l’officialisation de cette hypothétique alliance entre Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié. Affi a les sceaux du parti. Gbagbo devrait négocier avec lui.
Laurent Gbagbo veut croire à nouveau à son étoile
La 3ème raison qui s’oppose à une alliance entre Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, est liée à l’objectif stratégique et tactique des deux grands partis d’opposition (FPI et PDCI-RDA) actuels de l’échiquier politique ivoirien. Dans l’immédiat et en réalité, aucun stratège des états-majors du PDCI-RDA ne voudra voir Laurent Gbagbo, ‘’le Boulanger d’Abidjan’’, descendre dans l’arène politique à quelques semaines d’une élection présidentielle à l’heure où ses plus proches partisans rêvent d’une revanche sur ses adversaires d’hier (2010), notamment le PDCI- RDA d’Henri Konan Bédié. La volonté d’éviter ‘’le remake’’ de 2010 est palpable chez les partisans du parti septuagénaire. Alors que Laurent Gbagbo et le FPI ne veulent pas être à la remorque d’un autre parti politique, fut-il un parti membre de la ‘’plateforme non idéologique’’. Dans la course qui mène au Palais présidentiel du Plateau au soir du 31 octobre 2020.
Williams Arthur Prescot