Dr Marie Josephe Bitty, directrice des établissements privés sanitaires : « 81% des cliniques privées sont illégales en Côte d’Ivoire »

Dr Marie Josephe Bitty, directrice des établissements privés sanitaires : «  81% des cliniques  privées sont illégales en Côte d’Ivoire »
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Dr Marie Josephe Bitty, directrice des établissements privés et professionnels sanitaires a levé un coin de voile dans cette interview sur la qualité, la compétence et la régularisation des cliniques et leurs personnels.

Les Ivoiriens se plaignent de la caution souvent élevée demandée aux patients avant leurs soins dans les cliniques privées. Cette pratique est-elle légale ?

La pratique de la caution est légale dans les établissements sanitaires privés. Elle est légale. On se trouve souvent dans deux cas. Le premier cas, on ne demande pas de caution si le patient est déjà couvert par une assurance. Dans le 2ème cas, on demande une caution qui est fonction de l’acte qui sera posé, qui est par ailleurs, fonction de la raison de l’hospitalisation. Par exemple, le soin extensif-jour coûte 250 mille francs CFA. En tout cas, dans les barèmes  définis par les professionnels. La consultation généraliste est 15 mille francs CFA, la consultation du spécialiste est fixée à 17 500francs CFA. Maintenant, dans la facturation qu’est-ce qu’on compte ? . L’on compte l’hospitalisation et les activités elles-mêmes. L’hospitalisation comprend le séjour hôtelier et est annexé, est adossé, aux tarifs. Il y a aussi des soins infirmiers qui sont pris en compte et des médicaments qui sont prescrits dans le cadre de cette hospitalisation. Il y a en plus les honoraires des praticiens notamment dans le cadre des hospitalisations, les visites qui sont donc prises en compte, qui sont prescrites dans le cadre de cette hospitalisation. Donc tout ça constitue des éléments qui peuvent être sujets à tarification, qui peuvent être sujet à caution…

Est-ce que l’Etat contrôle les activités des cliniques privées ? Les agents de santé qui exercent dans ces cliniques sont-ils qualifiés pour répondre aux attentes  des patients ?

L’Etat contrôle l’établissement privé et son exercice. Concernant l’exercice, l’autorisation d’exercer est donnée par l’ordre. Par exemple, les médecins, c’est le Conseil national de l’ordre des médecins qui délivre l’autorisation d’exercer. Maintenant, ceux qui ne sont pas organisés en ordre au niveau de la structure que nous avons, que nous dirigeons, c’est-à-dire la Depps, nous délivrons donc des cartes professionnels en fonction du type de profession. Par exemple, les kinésithérapeutes, les opticiens, ils ont des cartes professionnelles. Ils  sont inscrits au Conseil national de la profession donc tout dépend .Maintenant, ça, c’est pour l’exercice. Pour l’établissement, là aussi des contrôles sont faits pour s’assurer de la conformité. Je peux dire ça comme ça. De la conformité de l’établissement, de sa capacité à recevoir les clients, les patients dans les meilleures conditions de prise en charge, les conditions d’hygiènes. Est-ce que les actes  qui sont identifiés pour la création de l’établissement sont bien respectés ; donc effectivement,  les établissements font l’objet de contrôle pour ce qui concerne l’exercice, pour ce qui concerne l’établissement lui-même.

Les cliniques privées pour la plupart sont-elles en règles ? Qu’est ce qui est fait pour assainir le secteur ?

La plupart des cliniques privées sont dans l’illégalité. On a le chiffre de 81% d’établissements dit illégaux en Côte d’Ivoire. Quand on dit illégaux, il y a ceux qui ne sont pas en règles administives donc ça nous le savons  et pour cela, le ministère de la Santé lance une opération zéro clinique illégale d’ici 2030. Cette opération va permettre de régulariser administrativement ceux qui le méritent et de fermer l’établissement qui ne le mérite pas de sorte que nous puissions au niveau du territoire national savoir, qui exerce, qui a les compétences, qui a les autorisations. Pour mettre au service des malades, des services de qualité des établissements de qualité. Il faut dire que l’offre de soin dans le secteur privé couvre au niveau national 40% donc le secteur privé a tout un poids, et au niveau d’Abidjan, c’est 60%, donc il est important que ce secteur soit bien contrôlé et bien suivi. Dans tous les cas, que les mêmes normes et directives dictées par le système de santé soient aussi prises en compte par le secteur privé.

 Propos  retranscrit par  Rodrigue Konan

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