Après l’arrêt de la CPI du jeudi 28 mai 2020 : Laurent Gbagbo ou la succession de rendez-vous manqués avec ses partisans

Après l’arrêt de la CPI du jeudi 28 mai 2020 : Laurent Gbagbo ou la succession de rendez-vous manqués avec ses partisans
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Alors que la récente décision de la CPI vient d’assouplir les restrictions sur son cas et l’autorise à ‘’ voyager ou s’installer dans un pays de son choix ‘’ sous conditions, les partisans de l’ex chef de l’Etat,  se mettent une fois encore à fantasmer d’un retour à la terre promise ’’dans quelques jours’’  et  le voir jouer à nouveau  les premiers rôles sur l’échiquier politique ivoirien. Un espoir qui pourrait être de courte durée,  tant les chances  d’un retour définitif de Laurent Gbagbo, à 5 mois d’une présidentielle qui s’annonce aussi disputée qu’historique,  semblent quasiment nul. D’autant plus plusieurs obstacles ne se dressent sur le chemin de le retour de celui qui a présidé aux destinées de la Côte d’Ivoire.

L’éventualité d’un retour de Laurent Gbagbo en terre ivoirienne avant le 31 octobre 2020, date officielle de la tenue de la prochaine présidentielle agite à nouveau la classe politique ivoirienne et suscite un grand espoir chez ses partisans. Et pourtant, pour le moment, trois écueils politico-juridiques rendent plus qu’incertain cette hypothèse. Faisant ainsi du retour de Laurent Gbagbo, une succession de rendez-vous manqués avec ses partisans. Du moins pour l’instant. Tour d’horizon de ces obstacles.

1-L’obstacle juridique

L’arrêt du jeudi 28 mai dernier autorise ‘’ sous conditions’’ à Laurent Gbagbo de se rendre partout où il voudra se rendre. Autrement dit, l’ex chef de l’Etat (2000-2010) ne jouit pas pleinement de tous ses droits civiles et constitutionnels. Par définition, il est libre mais sous condition. Depuis la date de sa détention à la Haye en 2012, ses partisans ne cessent  d’épiloguer sur son retour qui se fait attendre, années après années. Cette autre annonce du jeudi 28 mai dernier se situe dans cette euphorie de voir leur ‘’ champion’’ à leurs côtés, sans toutefois analyser avec lucidité l’obstacle juridique qui rend une fois encore hypothétique ce rêve. En clair, si Laurent Gbagbo n’est plus  dans les liens de la justice internationale, il devra encore patienter avant de voir tous ses droits rétablis.

2-L’obstacle politique

Il ne fait aucun doute que le désir ardent du patron et  fondateur du FPI, est de se rendre  ardemment   dans son pays, la Cote d’Ivoire, après plusieurs années passées dans les liens de la détention .Et pourtant, sur ce terrain, il n’a pas les cartes en mains lorsqu’on scrute de près la dernière décision de la CPI. Cette décision stipule clairement que tout pays dans lequel Laurent Gbagbo souhaitera se rendre doit notamment accepter au préalable de la recevoir. A 5 mois d’une présidentielle qui s’annonce au disputée  que historique, on comprendra difficilement comment Alassane Ouattara, le président actuel en campagne pour la victoire du RHDP,  pourra accepter de ‘’ faire la passe ‘’ à son ennemi intime, Laurent Gbagbo d’autant plus que ‘’ les juges ont rejeté la demande de liberté sans condition présentée par les avocats de Laurent Gbagbo’’. Autrement dit, Laurent Gbagbo n’est pas encore sorti de l’auberge et se trouve être pour l’instant, à la case de départ.

3-L’obstacle stratégique et tactique

La 3ème raison qui s’oppose au retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire est liée à l’objectif stratégique et tactique des deux  grands partis  (RHDP et PDCI-RDA) actuels  de l’échiquier politique ivoirien. Dans l’immédiat et en réalité aucun stratège  des états-majors du RHDP et plus étonnant du PDCI-RDA ne voudra  voir Laurent Gbagbo, ‘’ le Boulanger d’Abidjan’’,  descendre dans l’arène politique à quelques semaines d’une élection présidentielle à l’heure où ses plus proches partisans rêvent d’une revanche sur ses adversaires d’hier(2010).La volonté d’éviter ‘’ le remake’’ de 2010 est palpable chez les partisans du parti septuagénaire. Alors que Laurent Gbagbo et le FPI ne veulent pas être à la remorque d’un autre parti politique dans la course qui mène au Palais présidentiel du Plateau au soir du 31 octobre 2020.

                                                                 Williams Arthur Prescot

L K

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