Bonne gouvernance/Sodefor /Y’a problème !
-La direction accusée de gestion opaque et de gabegie
Créée le 15 septembre 1966, la Société de développement des forêts(Sodefor), fête ses 55 ans. Fleuron du patrimoine forestier ivoirien, cette société d’Etat a mal à sa gestion depuis l’indépendance du pays. Alors même qu’elle s’apprête à célébrer un demi-siècle d’existence, un audit dont nous avons reçu copie, révèle qu’elle a besoin d’une restructuration profonde à tous les niveaux. En effet, il est reproché aux responsables de la société, l’exploitation clandestine des forêts classées par les producteurs de cacao soit environ 544000 tonnes, son incapacité à pouvoir financer ses investissements, à régler ses dettes fournisseurs, sociales et surtout rémunérer les apporteurs de fonds. Il se murmure également qu’aucun conseil d’administration n’a été tenu depuis 2 ans. Bref. Autant de supputations et autres soupçons qui pèsent sur la gestion des responsables actuels que nous allons rencontrer afin d’apporter des éclaircissements dans nos prochaines éditions avec bien sûr, l’apport de la Direction générale. Car selon, certaines indiscrétions, la gestion du patrimoine forestier se ferait la plupart du temps en dehors de tout contexte légal si bien que, sur les 231 forêts classées représentant plus de 4 millions d’hectares, près de 50 % de cette superficie serait occupée illégalement par des agriculteurs. Sur le terrain, de nombreuses sociétés exploiteraient des forêts classées en dehors de toute légalité. La Société allemande de coopération internationale, jadis partenaire de Sodefor, dénoncent plusieurs autorisations d’exploitation douteuses accordées en 2008 et 2009. À la suite d’un audit complet, ordonné par Alassane Ouattara, un rapport des états généraux de la forêt rendu public en novembre 2011, a révélé que les agents forestiers « oubliaient » de collecter plus de 50 % des taxes dues. Plusieurs milliards de francs CFA de pots-de-vin auraient été versés et ont alimenté le marché parallèle. A toutes fins utiles, la Société de développement des forêts, également appelée Sodefor, est une société d’État ivoirienne, créée le 15 septembre 1966 et rattachée au ministère des eaux et forêts et au ministère de l’économie et des finances. Elle a vocation à s’occuper de l’entretien, de l’expansion et de la valorisation des forêts placées sous sa responsabilité. Sa mission est de participer à l’élaboration et à la mise en œuvre de la politique environnementale du gouvernement. Cela consiste en l’enrichissement et la valorisation du patrimoine forestier national, au développement de la production forestière, à la valorisation des produits issus des forêts et à la sauvegarde des zones forestières et de leurs écosystèmes. En outre, elle a la responsabilité de la gestion et de l’équipement des forêts classées et des terres domaniales qui lui sont confiées par l’administration forestière aux termes de conventions générales ou particulières. Elle est également censée concevoir et mettre en œuvre, des modèles de gestion aptes à permettre l’exécution du plan directeur forestier ivoirien, voté en 1988, faire exécuter tous les travaux relatifs à l’entretien et participer activement à la restauration, au reboisement et à la surveillance des domaines forestiers. En 2012, la Sodefor gère 231 forêts classées, pour une superficie globale de plus 4 millions d’hectares répartis sur l’ensemble du territoire national. Au regard de tout ce qui précède, l’on peut avancer sans risque de se tromper que la Sodefor a mal à sa gestion. Autant dire qu’il y’a donc problème !
Eugène Kanga
Encadré/Ce que révèle l’audit diligenté par le ministère du Budget
La Société de développement des forêts (Sodefor) dirigé par le colonel Mamadou Sangaré, créée le 15 septembre 1966 et rattachée au ministère des Eaux et forêts et au ministère de l’Economie et des finances fêtera dans quelques jours ses 55 ans d’existence. Malheureusement, la mauvaise gestion de cette entreprise étatique avec le détournement des sommes faramineuses donnent froid dans le dos. En effet, après un audit diligenté par le ministère du Budget et du portefeuille de l’Etat dont le résultat a été porté à la connaissance du gouvernement en Conseil des ministres du 9 septembre 2020, l’ on constate que des dépenses colossales ont été faites sans qu’aucun justificatif ne soit le témoin visible. L’audit recommande d’ailleurs une restructuration profonde de la situation de l’entreprise sur tous les plans (une exploitation clandestine des forêts classées par les producteurs de cacao (544 000 tonnes), une incapacité de la Sodefor à pouvoir financer ses investissements, régler ses dettes fournisseurs, sociales et rémunérer les apporteurs de fonds). Aussi, l’audit révèle qu’il n’y a aucun Conseil d’administration depuis 2 ans.
Le directeur de la communication se défend et s’enfonce
Au lieu de répondre aux préoccupations relatives au résultat de l’audit diligenté par le ministère du Budget et du portefeuille de l’Etat, Alain Bley Bitignon, directeur de la Communication et des relations extérieures de la Sodefor s’est contenté de dire qu’il y a des écoles qui sont érigées dans les forêts classées. « Il y a des écoles qui sont installées dans les forêts classées qui sont des centres d’examen. Il faut considérer la Sodefor comme une maison que l’Etat a confié à un gestionnaire pour dire que : Sodefor, voilà les forêts classées donc, il faut les gérer. Le gestionnaire gère avec ses moyens de bord. Si les moyens de bord change, la situation va changer. Les moyens que la Sodefor dispose ne lui permettent pas de recoloniser. C’est ça le message que je voudrais que vous fassiez passer », a-t-il signifié. Il a par ailleurs, indiqué que la forêt ivoirienne a besoin de deux choses : Une prise de conscience collective des populations et des moyens pour pouvoir refaire les investissements. « Aujourd’hui, notre corps de métier, c’est 3 éléments importants : la protection des aires protégées, le reboisement et l’aménagement. Cette année, notre objectif de reboisement est de 8600 hectares. 215 000 hectares ont déjà été réalisés par la Sodefor. Le reboisement a un coût. Le plant pour le mettre en terre, il faut la collaboration de la population riveraine (on les paye). Aujourd’hui, avec le projet d’investissement forestier (Pif) en accord avec la banque mondiale donne satisfaction. On se bat avec les maigres moyens. Nous travaillons pour l’Etat de Côte d’Ivoire. Nous vous invitons à apprécier notre travail pour ne pas tirer sur l’ambulance », a-t-il plaidé.
F. T.