Crise au FPI/ Usurpation de titre : Gbagbo s’expose à la prison
La Direction du Front populaire ivoirien (Fpi) version Affi N’guessan a noté avec « regret » qu’en dépit de ses nombreuses interpellations et mises au point, le Président Laurent Gbagbo persiste dans sa posture de se considérer comme le président du parti. L’insistance de Laurent Gbagbo à se faire passer pour le patron du parti, en dehors des textes, pourrait entrainer les deux clans devant les juridictions compétentes du pays. Nul n’ignore à quoi s’exposent les usurpateurs de titre, dans ce pays de droit avec ses structures efficientes.
La crise au Front populaire ivoirien s’est accentuée, depuis l’arrivée de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, le 17 juin 2021, après son acquittement définitif par la Cour pénale internationale. Les positions des deux ailes du parti socialiste se sont radicalisées, malheureusement. « Le Front populaire ivoirien sera obligé de prendre ses responsabilités devant les juridictions compétentes du pays pour mettre de l’ordre. Je ne dirai ni plus ni moins », nous a confié hier par téléphone, sous le sceau de l’anonymat, un membre influent du Secrétariat général du Fpi légal, que dirige le Président Affi N’Guessan Pascal. Dans un communiqué émanant de M. Aka Emmanuel, son Directeur de Cabinet, le président Laurent Gbagbo convie les instances du Front Populaire Ivoirien (FPI) à une rencontre le lundi 09 août 2021, à l’espace Latrille Events à Cocody. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. En effet, le FPI tendance Affi N’Guessan qui est le parti légal a fait une sortie musclée pour mettre en garde Laurent Gbagbo. « La Direction du FPI note avec regret qu’en dépit de ses nombreuses interpellations et mises au point, le Président Laurent Gbagbo persiste dans sa posture de se considérer comme le président du parti ». Ici, à l’analyse de ces propos, Affi et ses camarades indiquent clairement que Laurent Gbagbo se rend coupable d’une usurpation de titre. « Le FPI s’indigne, en outre, que le Président Laurent Gdagbo convoque une réunion à laquelle, il associe le nom du FPI et de ses instances, au mépris de la demande d’audience introduite depuis plus de deux semaines par le Président du parti, afin de discuter avec lui de la crise interne et de l’avenir du FPI. Cette tentative de passage en force est un mépris inacceptable des textes, des instances et du Président du parti », précise le communiqué de l’aile Affi. Après tant d’années à lutter pour l’État de droit, la justice et la démocratie, le FPI légal d’Affi N’guessan constate avec désolation que « le Président Laurent Ggagbo et certains camarades sont subitement devenus les pourfendeurs des valeurs et principes qui ont fondé l’engagement politique de millions de militants et sympathisants du parti. Le FPI luttera de toutes ses forces contre le culte de la personnalité et l’autocratie, le chemin de la dictature. En tout état de cause, la Direction du Front populaire ivoirien légal de Pascal Affi N’guessan tient à rappeler que, bien que membre fondateur du parti, le Président Laurent Gbagbo n’est pas le président en exercice du FPI; il n’est pas fondé à convoquer les instances du parti », insistent les partisans d’Affi. « Le Président du FPI n’a convoqué aucune réunion, le lundi 9 août 2021. Il appelle en conséquence, les membres de la Direction du parti, les membres des instances du parti et les militants de base à la sérénité et à la vigilance, dans l’attente de mots d’ordre de la Direction du parti », fait remarquer, le secrétariat général du parti de Affi. Comment peut-on interprêter l’appel du Fpi d’Affi N’guessan à ses militants, leur demandant de garder la sérénité et la vigilance ? Difficile de répondre. Toujours, est-il que’on pourrait avancer que ces propos sont un appel aux militants de base du Fpi à se dresser contre Laurent Gbagbo et ses partisans qui refusent le respect des textes du parti. Si Gbagbo est le fondateur du parti, il n’en est pas le président légal actuel. Alors, quels sont les moyens auxquels Affi et son commando feront appel pour faire barrage à la réunion souhaitée par Laurent Gbagbo, le lundi 9 août prochain ? La réponse à cette question fait appel à deux recours. Soit la voie de la violence soit celle civilisée qui fait appel au droit, puisque, la Côte d’Ivoire est un Etat de droit avec des textes de loi.
Incapable de réconcilier son parti, que peut apporter Gbagbo à la réconciliation nationale ?
Entre les célèbres partis politiques de la Côte d’Ivoire, Le Pdci, le Fpi et le Rhdp ex-Rdr, le parti de Laurent Gbagbo a perdu en efficacité sur le terrain. Cela, à cause des erreurs accumulées par le fondateur du Front populaire ivoirien. Depuis son arrestation et son transfèrement à la Cour pénale internationale(CPI) à ce jour, les actes posés par Laurent Gbagbo n’ont rien à voir, avec ceux que l’opinion pense de lui. Vu comme un stratège politique, Gbagbo n’a trouvé aucune solution, pour garantir la cohésion au sein de son parti. Il faut avoir le courage de le dire. Quelques 17 députés aujourd’hui, où le Fpi comptait une centaine par le passé. Cette osmose est due au fait que Laurent Gbagbo a été moins efficace dans la résolution des crises internes du Fpi. Depuis la cour pénale internationale, il aurait pu rapprocher les deux ailes de son parti. Gbagbo ne l’a pas fait. Il a plutôt opté pour la mise à l’écart de Affi N’guessan du parti, en positionnant Assoa Adou. La prise de position de Laurent Gbagbo dans la crise de son parti est aux antipodes de la démocratie. Ceci, n’a pas rendu service au parti socialiste ivoirien. Les milliers de militants cependant avaient souhaité qu’Affi N’guessan participe à la cérémonie d’accueil du retour au bercail de Laurent Gbagbo, le 17 juin dernier. Contre toute attente, Affi N’guessan a été royalement omis part l’aile dure de Laurent Gbagbo. Le même Affi a fait violence sur lui, pour demander une audience à Laurent Gbagbo. Le fondateur du Fpi a décliné l’offre du garant du parti. Et pourtant, en recevant Affi N’guessan, Laurent Gbagbo participerait à la reconstruction de son parti. Par quel génie, un homme politique incapable de réconcilier son propre parti, pourrait-il, réconcilier toute une nation ? C’est un abus de langage, pour les partisans de Laurent Gbagbo, de penser que sans leur mentor, il n’y aura pas de réconciliation dans ce pays. Il faut rappeler que seule l’humilité des hommes politiques peut conduire à une réconciliation vraie. Alassane Ouattara en a fait sienne, en recevant Laurent Gbagbo au Palais de la Présidence, le 27 juillet dernier. Parce que le Président Ouattara est convaincu que sans réconciliation et paix, aucune nation ne peut prétendre se bâtir. Les Etats-Unis ont atteint ce niveau, après la première guerre. C’est en période de paix, grâce au Plan Marshall, que les pays de l’Europe de l’Ouest ont connu le vrai développement. Alors question ? Pourquoi Laurent Gbagbo refuse-t-il, de recevoir Affi N’Guessan, sachant qu’il a toujours privilégié ce bout de phrase « Asseyons-nous et discutons ». Faire preuve d’humilité, en recevant le président statutaire de son parti, qu’est Affi N’Guessan Pascal, Laurent Gbagbo contribuerait à l’unité et la sérénité au sein de sa formation politique.
Romaric Sako
