Lancement du MGC hier-Gbagbo-Simone/Du divorce conjugal au divorce politique
-Un camouflet pour le PPA-CI et les GOR
-Le dilemme des ‘’frontistes’’
Plus que jamais déterminée à porter la réplique à son ex-compagnon de lutte et époux Laurent Gbagbo, Simone Ehivet a décidé de porter sur les fonts baptismaux sa propre formation politique. C’est chose faite depuis hier au siège du Mouvement des générations capables (Mgc) à Cocody Riviera Golf. C’est un secret de polichinelle. La création officielle de ce parti consacre la rupture politique de Simone Gbagbo avec son ex-époux. L’ex-première dame de Côte d’Ivoire pourra désormais assouvir ses ambitions politiques. A l’instar d’autres aventures, celle de Simone Gbagbo ne manquera pas d’être périlleuse quoi que, l’événement ne sera pas un saut dans l’inconnu. Car point n’est besoin de rappeler que le syndicalisme et la politique ont forgé Simone et elle connaît le milieu politique.
A toutes fins utiles, Mme Marie-Claude Kraidy, lors d’une conférence de presse avait indiqué que : « La dynamique de mobilisation, en moins d’une année d’existence du MGC, est telle que les militants ont été amenés à réajuster les textes fondamentaux pour en faire un parti politique à part entière. Ces militants décident de se doter ainsi, d’un instrument de conquête du pouvoir d’Etat… ». Et l’on peut avancer que ce double divorce est une véritable épreuve pour la grand famille des « frontistes » historiques ; désormais divisés entre la ‘‘mère’’ et le ‘’père’’ tant le couple symbolisait à lui seul, les valeurs portées par le FPI (Front populaire ivoirien) depuis sa création en 1982. S’il est vrai que certains militants pourront avaler sans grande difficulté la couleuvre, ce n’est malheureusement pas le cas pour d’autres. Tel est le cas, par exemple, pour Charles Blé Goudé, leader du parti COJEP (Congrès pour la justice et l’égalité des peuples). En effet, à maintes reprises, l’ancien leader estudiantin a soutenu que Gbagbo et Simone étaient ses ‘’parents politiques’’. De ce point de vue, l’on peut donc dire que Charles Blé Goudé et tous ceux qui se reconnaissaient dans le couple Gbagbo sont dans un vrai dilemme.
Simone, va-t-elle faire sa mue ?
Par la création de ce nouvel instrument(MGC), la native de Bonoua vient de passer à une autre étape de sa vie politique et de son combat pour la démocratie. Toutefois, la question que l’on se pose est de savoir quel ton va adopter désormais la présidente du MGC. En effet, Simone Gbagbo a le don de la parole et des formules qui galvanisent. Elle a aussi malheureusement, et cela, il faut avoir le courage de le reconnaître, le don des tirades qui blessent et qui divisent. Saura-t-elle, avec la création de son parti, se muer en une femme politique dont le discours ne sera pas en porte-à-faux avec la nécessité de la réconciliation nationale portée aujourd’hui, par presque tous les acteurs politiques majeurs de la Côte d’Ivoire ? Sur la question, certains observateurs du marigot politique ivoirien soutiennent qu’il n’est pas exclu que Simone Gbagbo ait créé son parti pour se venger, entre autres, de son ex-époux pour toutes les humiliations et frustrations que ce dernier lui a fait subir après qu’il a été acquitté par le tribunal de la Haye. En effet, l’on se souvient d’abord du retour triomphal de Laurent Gbagbo à Abidjan, au cours duquel Simone avait été traitée comme une pestiférée. Conséquence de cette situation qui a alimenté presque tous les débats, le divorce demandé par Laurent Gbagbo. Comme si cela ne suffisait pas, Laurent Gbagbo a poussé, peut-on dire, l’outrecuidance à son paroxysme en créant un nouveau parti sans en informer Simone. Connaissant la forte personnalité de cette dernière, pour ne pas dire son ego surdimensionné, l’on pouvait s’attendre à ce qu’elle répliquât à cette avalanche d’humiliations. Et l’on peut dire que c’est ce qu’elle a fait en créant son parti. Pour rappel, Madame Kraidy avait laissé entendre, lors de la conférence de presse du jeudi 11 août dernier, ceci : « Le nouveau parti en devenir prendra toute sa place sur l’échiquier politique national avec l’ambition de s’y imposer comme la nouvelle espérance de la Côte-d’Ivoire ». L’ambition annoncée est très belle pour la Côte d’Ivoire. Il reste à se poser la question de savoir si Simone Gbagbo ou tout, autre personnalité qui sera désignée au soir du 20 août prochain pour piloter ce nouveau parti, sera capable d’incarner cette nouvelle espérance de la Côte d’Ivoire. En tout état de cause, la création de ce nouveau parti politique par Simone Ehivet Gbagbo apparaît aux yeux de nombreux observateurs comme un camouflet pour Laurent Gbagbo et ses partisans.
Eugène Kanga B
