Pour le dialogue politique : Affi renie le contenu initial du Cnt

Pour le dialogue politique : Affi renie le contenu initial du Cnt
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Au fur et à mesure que les jours passent, le Conseil national de transition (Cnt) de la plateforme de l’opposition perd de son contenu. Entraînant du coup, des attitudes divergentes de ses membres.  

Lentement, mais sûrement, la détention au secret de l’opposant Pascal Affi N’guessan commence à produire l’effet escompté. Celui de l’amener à parler le même langage que tous les Ivoiriens épris de paix. Le bouillant porte-parole du Conseil national de transition (Cnt) mort-né, semble ne plus emboucher la même trompette que le président Henri Konan Bédié. Pascal Affi N’guessan vide le Cnt de son contenu institutionnel initial que l’opposition lui a conféré, lorsque lui-même annonçait sa création le 02 novembre 2020, à la surprise générale de l’opinion nationale et internationale.

Il y a 6 jours, l’ex-Premier ministre ivoirien a confié à la délégation du Conseil national des Droits de l’Homme de Côte d’Ivoire (Cndh-ci), qui lui rendait visite, que contrairement à ce qui se raconte dans le pays, le Conseil national de transition (Cnt), crée au nom de toute l’opposition ivoirienne, était un simple ‘’moyen de pression’’ pour contraindre le Président Ouattara à aller au dialogue. La surprise de cette confession qui tend à polir l’image d’Affi N’guessan, vis-à-vis des gouvernants et se démarquer par la suite de ce que sous-entend la déclaration du 02 novembre 2020, réside dans le reniement de ce que ce fameux Cnt implique.

La menace voilée du Cnt

Lisons plutôt. « (…) Les partis et groupements politiques de l’opposition annoncent la création, ce jour, du Conseil national de transition. Le Conseil national de transition est présidé par monsieur Henri Konan Bédié, président du Pdci-Rda et de la plateforme Cdrp. Le Conseil national de Transition a pour missions de : préparer le cadre de l’organisation de l’élection présidentielle juste, transparente et inclusive ; mettre en place, dans les prochaines heures, un gouvernement de transition ;  convoquer les assises nationales pour la réconciliation nationale, en vue du retour à une paix définitive en Côte d’ivoire. Les partis et groupements politiques de l’opposition félicitent les Ivoiriennes et Ivoiriens pour leur victoire face à la forfaiture de monsieur Alassane Ouattara et les appellent à exprimer leur joie par des manifestations populaires. Les partis et groupements politiques de l’opposition affirment que le mot d’ordre de désobéissance civile est maintenu et demandent au peuple ivoirien de rester mobilisé jusqu’à la victoire finale ».

Point n’est donc besoin d’être un grand clerc pour constater l’évidence d’une menace de coup d’Etat voilée, à la lecture de cette déclaration. Puisque nul ne peut décider de mettre en place une structure parallèle à celle déjà établie, à l’effet d’organiser des élections dans un pays, si sa faisabilité n’est liée à la réussite d’un putsch. Difficile alors pour Pascal Affi N’guessan, le porte-parole du Conseil national de transition, de tenter de cacher cette évidence. Car, même si certains n’en font aucune critique, ils n’en pensent pas moins.

L’élan belliqueux brisé

En plus, c’est justement parce que les Ivoiriens, en général et les autorités politiques en particulier, ont bien compris la menace que renferme cette idée de transition qu’elles (les autorités) ont promptement réagi pour briser l’élan belliqueux à venir de l’opposition.

Aussi, quand Affi N’guessan confiait à ses hôtes du 20 novembre 2020, depuis son lieu de détention qu’ »il n’a jamais été question de fomenter un coup d’État comme l’affirment certaines personnes’’, il faudra que quiconque a lu la déclaration annonçant la création de ce conseil mort-né, que tous semblent renier aujourd’hui (excepté Bédié), refasse sa lecture. Il se rendra bien compte que le monstre a pris du plomb dans l’aile. C’est pour cette raison que sa nouvelle posture tend plutôt à fragiliser davantage la plate-forme de l’opposition ivoirienne à laquelle il appartient et qui étale, par des voix discordantes, ses faiblesses dans la voie qu’elle s’est choisie pour mener son combat politique.

Affi abandonne le ton dur

En clair, Affi N’guessan et Konan Bédié n’ont plus les mêmes préoccupations. L’opposant frontiste essaie, tant  bien que mal, de s’accommoder à un nouveau langage avec son désir d’un dialogue inclusif, afin d’aller à l’apaisement. Histoire de taper dans l’œil et espérer une éventuelle libération. On se l’imagine bien. L’actuel prisonnier s’apprêterait-il à parler plutôt de ‘’force de pression, que du Cnt avec tout ce que cela comporte ?

Toujours est-il qu’Affi abandonne, sans aucune pression, le ton dur qu’il employait pendant la période électorale. Très virulent envers le régime du Président sortant (réélu depuis le 31 octobre dernier), le leader de l’Alliance des forces démocratiques (Afd), avait rejeté la main tendue du chef de l’Etat, Alassane Ouattara, alors candidat au scrutin présidentiel, lorsque celui-ci avait donné son feu vert à son Premier ministre, Hamed Bakayoko, de continuer le dialogue avec l’opposition.

En effet, les principaux partis ou mouvements d’opposition que sont le Pdci, le Fpi-Affi, et l’Eds ne se sont en effet pas présentés ne se sont pas présentés le samedi 17 octobre 2020 au dialogue politique prévu avec le premier ministre ivoirien, Hamed Bakayoko. Il s’agissait, à ce moment-là, des discussions entrant dans le cadre de l’organisation de la présidentielle d’octobre 2020. « Cette réunion n’avait plus de raison d’être, il fallait que nous tous nous en remettions à la médiation internationale. Après, si nous avons un début de compromis, on peut se retrouver pour finaliser. Mais je ne vois pas pourquoi, alors qu’une mission arrive dimanche (18 octobre 2020 : ndlr), convoquer les gens samedi ? Ça n’avait aucun sens, c’était sans objet », avait martelé l’opposant Pascal Affi N’Guessan.

Affi-Bédié : attitudes divergentes

L’observateur politique ivoirien est fondé, au regard du reniement d’Affi N’guessan vis-à-vis de son Cnt, à avancer que la posture du frontiste qui fait profil bas aujourd’hui, est une stratégie pour s’attirer la clémence du pouvoir. Quand le président du Pdci, Henri Konan Bédié, lui, durcit le ton. En s’accrochant au dormant Cnt, cet instrument sans lendemain, pour essayer de faire plier son interlocuteur, le Président Alassane Ouattara, dont la main reste toujours tendue.

Marie-Rose N’guettédèm

L K

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