Pris de peur : Amon-Tanoh abandonne Bédié et le Cnt

Pris de peur : Amon-Tanoh abandonne Bédié et le Cnt
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Après avoir fortement soutenu le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), Henri Konan Bédié à créer et prendre la présidence du Conseil national de transition (Cnt), le 02 novembre 2020, un personnage  de grande influence au sein de l’opposition ivoirienne se désolidarise de cette aventure politique qui parait sans issue.

Dans une déclaration diffusée, le lundi 9 novembre 2020, postée sur sa page Facebook, Marcel Amon-Tanoh, cet ex-proche collaborateur du Président de la République, Alassane Ouattara, dit ‘’déplorer’’ la création du Conseil National de Transition (Cnt). Parce que selon lui, le Cnt n’a aucun ‘’fondement légal’’ et ‘’ravive les tensions et les risques d’affrontements’’. L’homme n’en peut donc plus et tourne le dos à la sédition. Comme gagné par une subite modération et prudence dans la conduite, il exhorte ses compagnons d’infortune à l’apaisement et au dialogue. « Que la sagesse et la modération nous visitent, dans l’intérêt supérieur de notre chère Côte d’Ivoire, Sachons entendre raison pour préserver la vie et éviter de verser à nouveau le sang des Ivoiriens ; sachons entendre raison pour préserver ce que nous avons su construire en 60 ans d’indépendance ; sachons entendre raison en recourant à notre trésor, l’arme des forts : le Dialogue », a-t-il dit.

La peur d’Amon-Tanoh

Mais à y analyser, l’on pourrait avancer que l’isolement de Bédié et son Cnt auquel l’on assiste, est moins le fait d’une prise de conscience, que la peur qui s’est emparé de l’homme, après l’arrestation de certains responsables du Cnt dont l’ex-Premier ministre le frontiste Affi N’guessan et le Secrétaire exécutif du Pdci, Maurice Kacou Guikahué ainsi que la mise en résidence surveillée du patron du Cnt. D’ailleurs le procureur de la République est à leurs trousses depuis. Sinon, Amon-Tanoh en aurait pris conscience depuis le 02 novembre ; jour où les Ivoiriens et le reste du monde ont appris l’annonce de la création du Cnt, par la voix d’Affi N’guessan, porte-parole de ladite plateforme. Il serait alors hasardeux de s’imaginer que Marcel Amon-Tanoh n’en savait rien. Surtout qu’il participait aux réunions de l’opposition.

Ministre des Affaires étrangères et fidèle du Président Alassane Ouattara, Marcel Amon-Tanoh a annoncé sa démission du gouvernement dirigé par Amadou Gon Coulibaly, le jeudi 19 mars 2020. Sa décision est intervenu une semaine après la désignation du Premier ministre, feu Amadou Gon Coulibaly, comme candidat du Rhdp à la présidentielle d’octobre 2020.

Pas d’avenir pour le Cnt

Rejoignant le camp des opposants où il a retrouvé les présidents Konan Bédié du Pdci, Mabri Toikeusse du l’Udpci, Affi N’guessan du Fpi et les autres, Amon Tanoh savait le contraire aurait étonné, qu’il figurerait sur une liste de gouvernement fictif formé par la plate-forme de l’opposition ivoirienne. Sans en mesurer cependant les conséquences.

C’est donc clair : la plateforme de l’opposition n’avait ni prévu ce qui lui arrive, ni programmé et du Cnt, au vu de ce qui attend comme sanctions pénales les acteurs politiques membres du Cnt, que l’Etat de Côte d’Ivoire qualifie de sédition ou révolte contre l’ordre institutionnel établi. Or, ne pas planifier son avenir, c’est planifier son échec. Et l’échec du fameux Conseil national de transition (Cnt) est patent. D’où le changement brusque et presque total de l’ancien ministre des Affaires étrangères. Il ne se reconnaitrait plus dans ce qu’il a aidé à mettre en place sur papier ? 

Depuis (seulement) hier, Amon Tanoh a mesuré la gravité de l’acte posé par ses compagnons opposants à Alassane Ouattara et appelle au dialogue. « Asseyons-nous et parlons-nous en Frères et Sœurs, avec Amour, car un début de vraie réconciliation vaut mieux qu’un affrontement sanglant. Évitons de verser plus de sang sur la terre de nos ancêtres. L’heure est grave! Que chacun de nous ait l’ultime sursaut pour sauver notre bien commun, notre patrie ».

En affirmant aujourd’hui ‘’déplorer’’ le Cnt, et en déclarant ‘’prendre des initiatives pour apporter sa modeste contribution à un processus de Dialogue et de Réconciliation inclusif, sans préalable ni conditions, en vue d’aboutir à un compromis au seul bénéfice des Ivoiriens et de la Paix dans notre pays’’ Amon-Tanoh cache plutôt mal la peur d’être cueilli à son tour et présenté à un juge, comme Affi n’guessan.

Reste à souhaiter, comme lui, que son invite soit entendue et saisie par l’opposition, en vue d’une d’un dialogue sans ruse avec le pouvoir en place, ‘’en signe d’apaisement’’, afin que ‘’les personnes incarcérées soient libérées’’.

Marie-Rose N’guettédem

L K

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