Interview/ Zadi Gnagna (Président de la centrale de la plateforme nationale) :« La crise liée au Covid-19 montre la nécessité d’avoir un Etat fort… »

Interview/ Zadi Gnagna (Président de la centrale de la plateforme nationale) :« La crise liée au Covid-19 montre la nécessité d’avoir un Etat fort… »
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Intellectuel de premier plan et leader syndical bien connu des ivoiriens, Zadi Gnagna, président de la plateforme Nationale des fonctionnaires,  devenue depuis février 2019 par arrêté ministériel, la Centrale de la Plateforme Nationale,  qui regroupe aussi bien  les travailleurs du secteur public que du secteur privé, décrypte avec lucidité l’actualité sociopolitique dominée par la crise liée au Covid-19.Des mesures gouvernementales pour soutenir la reprise de l’  activité  économique aux primes octroyées aux agents de santé en passant par les acquis de la Centrale pour les travailleurs, Zadi Gnagna insiste sur le rôle majeur que peut jouer l’Etat pour un retour à la normale.

Depuis la mi-mars, le covid-19 a imposé son agenda aux acteurs de la scène politique et socio-économique. Comment vivez-vous cette pandémie au niveau de la Plateforme Nationale ?

Il  faut déjà rappeler que depuis février 2019 par arrêté ministériel, nous sommes devenus la Centrale Plateforme Nationale. Devant ainsi apte à porter les revendications aussi bien des travailleurs du public que du privé. Nous apportons donc notre expertise à nos camarades du privé exerçants dans le secteur privé forme comme informel même si le secteur des travailleurs du public reste notre maillon fort. Ainsi dit, nous avons vécus la crise liée au covid 19 comme tous les ivoiriens  plus ou moins la peur au ventre. En ma qualité de leader de la société civile, nous avons pris fait et cause pour l’application des mesures  barrières par tous les travailleurs de Cote d’Ivoire. Pour le reste, nous déplorons que cette mesure participe fortement au ralentissement de nos activités.   

Il est de plus en plus question de reprise des activités économiques, de réouverture des écoles….Quel est l’avis de la Centrale Plateforme Nationale ?

Il est clair qu’il faut aller vers un retour à la normale. Je pense que j’ai fais un poste dans lequel j’insiste sur le fait qu’il faut vivre avec la maladie à coronavirus comme nous pouvons vivre  avec les autres maladies. Je pense que, c’est parce qu’on a opté pour une communication alarmiste que la maladie s’est installée dans nos esprits. Si on n’opte pas pour la reprise de l’activité économique dès à présent, nous allons certainement vers une crise socio-économique dont les répercussions pourraient être politiques. Les pays qui ont faits des confinements strictes sont aujourd’hui aux bords de l’explosion économique, avec la montée du chômage….Heureusement que la Cote d’Ivoire n’a pas opté pour un confinement total malgré les pressions ici et là des internautes. En Cote d’Ivoire, ce fut un confinement par aire géographique. Malgré cela, le chef du Gouvernement, le Premier ministre Amadou Gon-Coulibaly a évoqué lors de son adresse à la nation, la question de 18.000 travailleurs au chômage technique ou partiel, sans compter le secteur du transport qui est en grande difficulté, ainsi que le tourisme et l’hôtellerie qui à l’agonie. Aujourd’hui, le Covid-19  fait que le secteur informel est quasi-inexistant. Beaucoup souffrent  mais on en parle très peu. C’est pour toutes ces raisons qu’il faut aller vers la normalité afin que les entreprises tournent en plein régime car heureusement, la tendance aujourd’hui en ce qui concerne le Covid-19 est baissière. On observe  aujourd’hui, plus de guéris que de cas infectés au Covid-19.

D’où le plan d’accompagnement de 1700 milliards de F CFA du gouvernement pour une reprise robuste  de l’activité économique ?

Loin d’être un effet d’annonce, le plan tarde à se mettre en musique même sur le fond, c’est forcement une bonne chose. Deuxièment, il faut qu’un contrôle soit de mise afin que cela bénéficie effectivement aux entreprises d’autant plus que deux mois après l’annonce de ce plan, les cris se font de plus en plus jour au sein des couches socio-économiques.

Que fait la Centrale pour tous ces travailleurs du secteur informe qui sont en grande difficulté ?

La Centrale fait ce qu’elle doit faire ‘est à dire communiquer sur leurs aspirations. Nous sommes la voix des sans voix mais nous ne pouvons pas nous substituer à l’Etat de Cote d’Ivoire car elle n’a pas les moyens de prendre en charge tous ces travailleurs. Notre rôle est de porter leurs revendications ‘est ce que nous avons fait le 1 er mai lors de la fête de travail. Nous voulons simplement que l’Etat qui est au centre prenne en compte leurs aspirations. Avec le déclenchement de cette crise, nous comprenons que l’Etat doit être au centre du jeu sur tous les plan ; économique, société….et ne doit pas simplement se limiter à un rôle de  régulateur, d’organisateur…Pour preuve, même les entreprise demandent aujourd’hui à l’Etat de leur donner les moyens. Finalement, beaucoup d’Etat est la solution. L’Etat providence doit reprendre toute sa place et cette crise doit amener l’Etat à créer des entreprises comme l’a fait le président Houphouët-Boigny.

Le Premier Ministre a aussi promis dans son adresse des primes aux agents de santé. Quelle est votre réaction ?

Nous saluons cette mesure. Il a fait la promesse d’accorder des primes spéciales aux agents de santé. Cela est effectif depuis la fin du mois dernier. Nous saluons le Premier Ministre pour cette mesure, comme pour cette mesure qui consiste à octroyer  une prime à plus de 117 mille familles. Toutefois, nous l’encourageons à étendre cette mesure aux personnes qui ont perdues leur emploi et rendus vulnérables depuis le déclenchement de la crise liée au covid-19. Devant la crise, nous sommes logés à la même enseigne. La Centrale demande de la rigueur dans l’application de ces mesures. En outre, la Centrale de la Plateforme Nationale demande que les dons  faits ici et là soient structurés avec une gestion transparente.

Qu’attendez-vous de l’Etat vu qu’il est aujourd’hui au centre du jeu avec la persistance de la crise sanitaire ?

La crise a montré que l’Etat ne doit pas abandonner les secteurs tels que la santé et l’éducation au profit du privé. En clair, l’Etat doit investir davantage dans la santé et rendre véritablement gratuit les soins de santé comme dans la Cote d’Ivoire de 1960. Investir aussi dans l’éducation car une population mieux instruit est apte à affronter les crises. Au niveau de la Centrale, nous sommes aptes à  accompagner l’Etat dans cette réflexion.

Interview réalisée par Bill Terrasson  

L K

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