Politique nationale / Bédié-Ouattara : Le dialogue n’est jamais rompu !

Qui a dit que le Président Henri Konan Bédié a définitivement rompu le dialogue politique avec le chef de l’Etat, Alassane Ouattara ? Et pourtant, on nous a appris le lundi 30 novembre 2020, que les hommes d’Etat se sont parlé.

Selon le média Africa Intelligence, le Président de la République (PR), Alassane Ouattara, s’est entretenu le week-end dernier au téléphone avec le président du Parti démocratique de Côte d‘Ivoire (Pdci-Rda), Henri Konan Bédié.

Si cette information de ce média (qui croit en avoir la primeur à défaut d’en être témoin) est avérée, il est clair que cela participe effectivement à l’idée d’apaisement souhaitée aussi bien par le camp présidentiel que par celui de l’opposition.

Dans sa démarche en ce qui concerne la poursuite de ce dialogue, le Président Bédié, bien qu’étant ferme sur certaines positions, ne perd cependant pas de vue que l’essentiel est de garantir la paix aux Ivoiriens. De ce point de vue, il a beau fait de déclarer qu’il suspend tout échange avec le président de la République, tant que ses compagnons de l’opposition seront encore sous les verrous, mais le numéro 1 du Pdci sait pertinemment qu’il est dans un jeu d’intérêt profitable en grande partie à ses compatriotes ivoiriens.

La responsabilité de Bédié

C’est justement ici que se mesure sa très grande responsabilité d’homme de paix, héritier de la philosophie du Président Félix-Houphouët-Boigny. Ce d’autant plus que Bédié sait pertinement qu’il n’y a que par le dialogue avec celui qui tient le gouvernail du bateau Ivoire qu’il pourra avoir les solutions à ses révocations, dans les limites des possibilités de son interlocuteur.

Il n’a donc pas le droit de tourner le dos au dialogue amorcé entre lui et son jeune frère, le Président Alassane Ouattara.

A qui d’ailleurs il revient de satisfaire certaines revendications, pouvant lui permettre, en tant que chef de file de l’opposition, à bien se tenir droit devant sa troupe d’opposants.

«Il n’est en effet pas possible de continuer ce dialogue sans la libération de tous nos militants, tous nos cadres incarcérés. Il n’est pas possible de continuer ce dialogue, sans la levée des blocus imposés encore sur certains d’entre eux comme Hubert Oulaye ; (…) J’ai donc suspendu ce dialogue, jusqu’à ce que nos frères soient libérés. J’ai suspendu également ce dialogue jusqu’à ce que ceux qui ont été́ forcés de fuir à l’étranger puissent avoir un retour sécurisé́ chez nous. Ce sont là des préalables non négociables et je pense bien que, dans quelques jours, ces différentes libérations seront faites pour que nous puissions reprendre le dialogue pour la parole qui a été rompu entre Alassane Ouattara et moi-même», a déclaré l’opposant dans un communiqué, le vendredi 20 novembre 2020.

Le salut des opposants réside dans ce dialogue

Conscient qu’il est de ce que le salut de ses camarades opposants qui ont appelé à la désobéissance civile et au boycott de l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 (cause de destructions de biens publics et privés et de nombreuses pertes en vies humaines), réside en la réussite de ce dialogue politique surveillé de loin par les amis de la Côte d’Ivoire et la communauté internationale.

De son côté, le Président Alassane Ouattara qui a décidé de donner une chance à son pays de retrouver la paix et la cohésion entre les populations, ne fait pas de mystère sur sa disponibilité à tout mettre en œuvre pour un dialogue continu et réussi.

On se souvient du soulagement qui a envahi toute la Côte d’Ivoire, au lendemain de la rencontre de l’hôtel du Golf, lorsque les Présidents Ouattara et Bédié ont brisé le mur de glace qui obstruait leurs relations depuis 2018.

La suite on la connaît. Des gestes d’apaisement ont été faits envers la plateforme de l’opposition, notamment avec la libération des certains prisonniers et la levée des blocus devant les résidences de certains leaders partisans du Conseil national de transition (Cnt). Ce n’est pas fini. D’autres actions en direction de l’opposition sont à venir grâce à ce dialogue direct.

Ainsi, contrairement à ce que certaines personnes peuvent avancer, la chaîne de discussion entre ces deux hommes d’état n’a jamais connu de rupture. La preuve, il nous revient qu’ils se sont parlé le week-end dernier. Des échanges qui ont lieu, soit peu avant le départ du chef de l’Etat pour la France, soit après son arrivée au pays de son homologue Emmanuel Macron.

A ce dernier, le Président ivoirien pourra réaffirmer, une fois de plus, son engagement à trouver un consensus autour des revendications de la plate-forme des partis politiques exposées par le président du Pdci.

C’est pourquoi, il est tout simplement heureux que ce dernier appel téléphonique suscite beaucoup d’espoir dans la population.

On estime qu’il pourrait permettre de faire évoluer les choses dans le sens de l’adoucissement et faire baisser le climat de tensions dans le pays. C’est d’ailleurs dans ce cadre que rentre la libération de certains opposants faits prisonniers, qui serait même en cours.

Le confrère informe également que les deux hautes personnalités ont abordé la prochaine investiture du Président Alassane Ouattara, prévue pour le 14 décembre prochain.

Marie-Rose N’guettédem