Blocage de l’exportation de la cola/Incursion au cœur de la crise

Blocage de l’exportation de la cola/Incursion au cœur de la crise
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-Tout sur l’histoire de la filière

-Ce que propose le gouvernement

De gros nuages ont envahi le ciel de la filière cola. Des incompréhensions menacent la bonne marche de ladite filière. D’un côté, la faîtière Intercola et de l’autre côté, les acheteurs, les  démarcheurs, les producteurs et les exportateurs. Une situation qui a créé une crise, à l’issue incertaine. Qui préoccupe, les populations de la cité de la cola (Anyma). A toutes fins utiles,  depuis le 1er janvier 2022, aucun camion n’est autorisé à charger de la cola pour la livrer aux clients. De tractation en tractation, le problème a pris des proportions inquiétantes. Pour en savoir davantage auxfins d’éclairer l’opinio, nous avons fait une incursion dans ce secteur d’activité.

De la genèse d’une crise

Le commerce de la cola est apparu à Anyama au début des années 1920. Grâce au chemin de fer, il a pris une ascension fulgurante. Cette noix, très prisée par plusieurs peuples ouest africains a commencé à être au centre d’un intérêt particulier. D’où, le commerce qui s’est développé autour de lui. Avec le temps et les enjeux qui prévalent, des chapitres ont été ouverts, occasionnant la création de nouveaux acteurs dont le but est d’engranger beaucoup d’argent. De la débrouillardise, les acteurs de ce commerce sont entrés dans la phase professionnelle. Interrogé sur la source des remous dans la faîtière, Sylué Zana, chef du service administratif à Intercola explique : « Dans une corporation, où il n’y avait pas d’organisation une fois qu’on annonce une organisation, il y a toujours, des  remous de ce genre. Parce qu’il y a des habitudes qui se sont installées sur des années qu’on ne peut pas soustraire du jour au lendemain. D’où, les bruits qu’on entend aujourd’hui, au niveau de l’Intercola ». Dans ses explications, il ressort que voulant structurer leur secteur, sur conseil du gouvernement, les acteurs se sont organisés  en coopérative et ont rallongé leurs ambitions en créant la faîtière Intercola. Ce, à partir de textes (statuts et règlements intérieurs) et d’apport financier du Firca. Des bases ont été définies par le Gouvernement qui a décidé de soutenir ce secteur. Pour aider la filière cola qui venait de naître, l’Etat a décidé que le prix soit fixé à 1010 francs le panier de 50 kg. Soit 20,2 francs le kilo. Quant au Droit unique de sortie (Dus), il est de 14% du prix à l’export. Avant la restructuration, les intermédiaires percevaient 1300 francs CFA sur  le kilo de cola pour chaque camion à destination du Mali et 1350 francs CFA pour le Burkina Faso. Et reversaient 510 francs CFA à l’Etat. L’arrêté ministériel qui a été signé par trois membres du gouvernement, affiche que désormais les exportateurs doivent payer 500 francs au Firca. Sylué Zana soutient que la colère de certaines personnes est due au fait que : « Dès que l’Etat s’est impliqué dans l’organisation de l’exportation, les démarcheurs ne pouvaient plus trouver de place dans ce secteur. C’est pour cela, qu’ils ont actionné des acteurs pour qu’on arrive à la situation où nous sommes », soutient-il. Des propos rabattu en brèches  par Magloire Konan Abogny, président de l’Union des commerçants de cola du marché de gros de Bouaké, membre d’Intercola, le porte-parole des mécontents: « Depuis mai 2019, les remous ont commencé au niveau de la filière. Parce que nous reprochons au Conseil d’administration en place, un dysfonctionnement  et une mauvaise gestion », dit-il d’entrée.Avant d’ajouter qu’après l’Assemblée générale constitutive de leur organisation le 20 septembre 2017, un Conseil d’administration  a été mis en place, dirigé par Abou Cola. Les membres des coopératives qui ont adhéré à cette faîtière ont demandé qu’il leur soit mis  à disposition,  les statuts et règlements intérieurs, pour les parapher et les envoyer à l’enregistrement aux impôts. Le Conseil d’administration d’Intercola a refusé de leur donner ces documents. Il révèle par ailleurs, qu’il y a eu une réunion du Conseil d’administration, au cours de laquelle, une proposition de nomination de secrétaire exécutif en la personne de Dr Biégo a été faite. Ce qui a été accepté. Toutefois, avant de prendre fonction, ce dernier, en sa qualité de 3ème vice-président, représentant le collège des transformateurs, devait démissionner de son poste. « Contre toute attente, il a refusé de passer par cette étape. Il est donc auteur de cumul de poste. Étant vice-président, il devient le secrétaire exécutif. J’ai signifié que la loi ne lui permet pas de jouer les deux rôles et que par conséquent, il doit démissionner. Et aussi, nous nous sommes interrogé  combien de temps doit durer son mandat ? », précise, Magloire Konan Abognyqui ajoute que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est  « une taxe incompréhensible de 30 000 francs CFA qu’Intercola demande que l’exportateur paie pour chaque camion à destination d’autres pays ».

De la détoriation de la situation

Le 11 janvier 2022, le maire de la commune d’Anyama, Amidou Sylla, interpellé par certains acteurs de la filière, les convient à une réunion pour savoir ce qu’il se passe exactement. Des délégations sont venues d’Abengourou, d’Agboville, d’Anyama, de Bondoukou, de Bouaké, de Man et de San Pedro. Instruit par les intervenants, le maire a promis de s’impliquer dans cette affaire pour trouver une solution. Le 17 janvier 2022, des commerçants, producteurs et exportateurs de cola organisent une conférence de presse à Anyama. Plus de 200 acteurs en colère réclament la dissolution du Conseil d’administration d’Intercola. Le motif évoqué est qu’en plus du prélèvement de 30 000 francs CFA qui leur est demandé, des irrégularités dans la gestion du Conseil d’administration d’Intercola, tels des décisions prises unilatéralement par le conseil sans les consulter  au préalable, la gestion agricole accentuée sur le népotisme, le tripatouillage des statuts et règlements intérieurs et la falsification de certaines signatures. Ainsi que les bilans d’exercice jamais faits par l’Intercola, et le refus du  Président du conseil d’administration(PCA) d’organiser des élections alors que le mandat de son bureau  a  pris fin.

Des propositions du gouvernement  

Le 26 janvier 2022, face à la détoriation de la situation, le directeur de Cabinet-adjoint du ministre de l’Agriculture convie les belligérants pour les entendre. Prennent part, à cette rencontre, le conseiller technique du ministre du Budget, des sous-directeurs du Ministère du Commerce, le Firca, les mécontents, des responsables d’Intercola, quelques exportateurs agréés et le maire d’Anyama. Selon Sylué Zana : « Le problème a été tranché. Dans la conclusion de la réunion, Il nous a été dit qu’aujourd’hui, vu l’importance de la cola, il faut que la réforme passe. Le représentant du ministre de l’Agriculture nous a fait savoir  que l’Etat a trop fait d’efforts pour diminuer les taux. Si nous ne pouvons pas reconnaître ces sacrifices et continuer de nous plaindre inutilement, nous risquons de porter préjudice à la filière. Donc, il demande à tout le monde de mettre balle à terre et de suivre ce qui est établi. Son jugement a été mal apprécié par certaines personnes, qui l’ont manifesté de leur manière dès qu’elles sont arrivées à Anyama ». Et depuis lors, c’est le statu quo. Depuis le 1er janvier 2022, 150 camions  qui devaient transporter leur cargaison à destination des pays importateurs de cola sont bloqués. Le conditionnement coûtant cher, les noix risquent de pourrir.

Dans l’attente d’une solution

Ne voulant pas laisser tous les acteurs dans le désarroi, Intercola est en train de mener des médiations pour que la situation se débloque. Elle a entrepris des discussions avec certaines autorités sécuritaires pour convaincre les mécontents, afin de trouver une solution amiable pour la reprise des activités. Au regard de la situation qui se dégrade de jour en jour, les acteurs et intercola doivent mettre balle à terre pour trouver une solution idoine. Car, la cola nourrit des milliers de personnes, acteurs, employés et leurs familles. Comme l’a signifié, le maire Amidou Sylla « Quand la cola ne marche pas, Anyama est bloquée ».

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